Par Kenza Alaoui | LE MATIN
Au moindre signe d’alerte, il ne faut pas hésiter à consulter son médecin traitant
Dans la vie d’une femme, l’interruption d’une grossesse est toujours accompagnée d’une douleur qu’il n’est pas aisé de surmonter.
Une fausse couche met donc fin à des espoirs qu’elle a portés en elle durant sa courte grossesse. Toutefois, d’un point de vue médical, ce phénomène est banal et sans gravité sur la santé de la maman. D’après les spécialistes, la fausse couche est un événement qui survient assez souvent mais qui ne signifie aucunement que la procréation de la femme est en danger.
La fausse couche est définie comme l’interruption spontanée de la grossesse avant 14 semaines d’aménorrhée (3 mois de grossesse) », c’est en ces termes que le Pr Omar Sefrioui définit ce phénomène qui constitue la principale cause de perte du bébé. Et d’ajouter : « Nous ne disposons pas de chiffres sur le taux des fausses couches, au Maroc néanmoins, il semblerait que 15 à 20?s grossesses finissent par un avortement spontané, parfois très précoce, sans que la femme ne s’en rende compte ». Sur le plan mondial, les études montrent qu’un tiers des grossesses, se terminant par une fausse couche, survient la plupart du temps durant les trois premiers mois.
Ce problème est reconnaissable grâce à des signes qui ne trompent pas ou presque. Notre gynécologue explique qu’un avortement spontané est souvent annoncé par des douleurs pelviennes plus ou moins intenses suivies de saignements plus ou moins importants.
Ceci dit, tout saignement n’entraîne pas automatiquement une fausse couche. D’un autre côté, l’absence de mouvements du bébé, qui risque de limiter ses mouvements pour des contraintes d’espace, n’annonce pas forcément une mort fœtale in utero. Ces signes méritent, tout de même, d’être signalés à son médecin traitant qui effectue les examens nécessaires pour y voir plus clair. « Parfois, le diagnostic est fait sur une échographie de contrôle montrant un œuf clair ou faisant état d’une absence d’activité cardiaque fœtale », précise le Dr Sefrioui. Mais comment s’explique ce problème et quelles sont ses causes ?
Les causes d’une fausse couche sont multiples et variées. Elles sont à 30, voire à 40% occasionnées par une malformation chromosomique. » Elles peuvent être d’origine infectieuse telle une listériose, une toxoplasmose ou une rubéole contractée lors de la grossesse. Il peut également s’agir de causes permanentes comme les malformations utérines, une cloison dans l’utérus ou un utérus didelphe (2 hemi-cavités utérines) réduisant l’espace de développement de l’œuf. Mais dans 30?s cas, il n’existe aucune cause évidente à la fausse couche « , déclare le Pr Omar Sefrioui, gynécologue.
Les chances des femmes face à une fausse couche ne sont pas les mêmes. Certaines sont plus exposées que d’autres. Celles qui entament une grossesse au-delà des 38 ans, ou celles qui sont porteuses de maladies chroniques comme le diabète ou autres maladies génétiques ou encore des malformations utérines courent un plus grand risque. Néanmoins, une fois que l’avortement spontané est survenu, il ne reste plus grand-chose à faire.
Notre spécialiste assure que les conséquences physiques sur la maman sont rarement graves si ce n’est l’impact psychologique d’une perte d’un bébé parfois tant attendu. En revanche, il arrive que l’hémorragie soit très importante et impressionnante nécessitant une intervention rapide en vue de permettre l’évacuation utérine par aspiration. C’est ainsi que le problème est résolu dans la majorité des cas. Il s’agit d’une intervention chirurgicale banale ambulatoire qui consiste en une évacuation par une sonde sous anesthésie générale. Et quand il est question d’une fausse couche débutante, un traitement médical est suffisant aboutissant à l’évacuation utérine. Suite à cet incident, la femme peut retomber enceinte dans les 2 ou 3 mois qui suivent.
Pour celles qui se posent des questions sur leur avenir de procréation, le Pr Sefrioui répond: » L’avenir de la procréation n’est mis en jeu que si la femme fait 3 fausses couches successives, ce qu’on appelle la maladie abortive (voir Explications). A ce moment, la fertilité peut être mise en jeu nécessitant une prise en charge spécialisée.
Et ce en passant par la recherche de la cause et son traitement. Dans certains cas, le passage par une FIV (Fécondation in vitro) est nécessaire pour pallier le problème.
Ceci dit, il existe parfois des complications liées à une évacuation utérine mal effectuée ou à une surinfection spontanée qui se traduit par l’apparition d’accolement utérins appelés synéchies nécessitant un traitement chirurgical par hystéroscopie ».
Inutile donc de sombrer dans une dépression. Tous les espoirs sont permis après une fausse couche.
Les enfants mort-nés
Les enfants mort-nés présentent un développement complet. La plupart du temps, les raisons du décès restent difficilement identifiables : elles peuvent être le fait d’une anomalie chromosomique ou d’une asphyxie parfois causée par une mauvaise position du cordon ombilical.
Des facteurs de risque peuvent également avoir leur part de responsabilité, comme la cigarette, l’usage de la cocaïne, une mauvaise nutrition ou une forte pression artérielle.
Ces événements étant le plus souvent accidentels, on ne suspecte généralement pas plus de risque de voir se reproduire cette douloureuse expérience chez une femme qui en a déjà été victime que chez une qui en a été exempte. L’application des directives visant à mettre en contact avec leurs enfants les mères ayant accouché d’un enfant mort-né, ne constituerait pas un soutien psychologique bénéfique pour ces femmes. C’est du moins ce que révèlent les études qui ont essayé de définir la meilleure manière de venir en aide aux parents pour les aider à faire leur deuil de l’enfant perdu. Les résultats ont montré que les comportements encourageant ‘’le contact avec l’enfant mort-né » étaient associés à une augmentation de la fréquence des troubles psychologiques.